Le silence en action

Je suis danseuse et je pratique la méditation. Je peux donc témoigner que la danse est une belle analogie du silence en action. Dans la danse, il y a un mélange unique de calme intérieur et de mouvement physique. Le secret derrière l’expression gracieuse que nous observons, c’est une force intérieure profonde qui ne se remarque peut-être pas. Le danseur ou la danseuse est constamment attentif·ve à l’invisible : l’alignement intérieur du corps.

D’un point de vue spirituel, cette immobilité au cœur de la danseuse correspond au silence intérieur de la contemplation. Conçue pour être intégrée dans la vie quotidienne, la méditation du Raja Yoga consiste à maîtriser l’équilibre entre ce silence intérieur et une expression extérieure saine. Cet équilibre peut améliorer la qualité des actions, des tâches quotidiennes, des relations et la capacité à prendre les décision. La spiritualité aide à comprendre ce qu’est cet espace silencieux intérieur et à y aller quand j’en ai besoin, en une seconde. Cela demande une certaine maîtrise, comme pourla danse…

La pièce oubliée

Pour certains, le silence peut signifier un manque de stimulation corporelle, puisqu’il exclue le bruit physique. Mais il s’agit en fait de créer un espace physiquement calme… Pas tout à fait le silence. Nous pouvons être dans une pièce complètement silencieuse, mais avoir beaucoup de bruit à l’intérieur. Le vrai silence est à un niveau beaucoup plus profond. C’est un espace de guérison. Cet espace est toujours là, comme une pièce dans une maison. Cependant, nous avons pris l’habitude de fréquenter toutes les autres pièces de notre maison intérieure et d’oublier la pièce du vrai silence. Elle est devenue une pièce que l’on utilise seulement en des occasions spéciales. Cette pièce ne se sent jamais « habitée ». Nous passons du temps dans la pièce de ce « que devons-nous faire demain », dans la salle des « souvenirs passés » et dans la chambre de « ce qui vient de se passer ». Chaque âme humaine possède cette pièce de silence intérieur et peut commencer à la fréquenter plus souvent, simplement en se souvenant qu’elle est là et en y allant de temps en temps.

D’où vient réellement le bruit ?

Le bruit est le résultat de la pensée, des discussions ou du souvenir de ce qui est temporel, c’est-à-dire tout ce dont nous nous souvenons dans le domaine physique : les rôles que nous jouons, les relations, les possessions, jusqu’à nos propres corps. Lorsque nous sommes envahis par tout cela, il y a beaucoup de bruit dans la tête. Cela peut finir par ressembler à un tumulte incohérent de pensées, notamment des pensées répétitives. Et cela dure jusqu’à ce que nous sentions que nous avons besoin de faire une pause dans tout cela. Lorsque ce sentiment devient trop fort, nous nous retirons dans la nature, les montagnes, le bord de mer, les vallées tranquilles et les berges des rivières, pour trouver un certain soulagement. Cependant, notre tête nous accompagne, et même si cela nous donne un peu de répit, les pensées vont émerger à nouveau.

Le silence est le son de l’éternel

Le vrai silence est le résultat d’une réflexion, d’une concentration ou du fait de se souvenir de ce qui est éternel. Le silence est le son de l’éternel. Ce qui est intérieur et éternel est d’une simplicité rafraîchissante. Il existe un lien naturel entre le silence et la simplicité. L’esprit trouve un tel réconfort de ce qui est simple, éternel et vrai.
Il existe un dicton : « Comprenez le point et tout le reste est inutile ». Ce qui est vraiment important, c’est ce qui est intemporel. Par exemple, le silence en action, dans une relation est basé sur l’intemporalité du respect. Il transcende l’apparence physique, la hiérarchie, ou même le fait de prouver qui a tort ou raison. Se concentrer sur cette vérité intemporelle permet des interactions saines, des connexions emplies de douceur, de silence et de paix. Alors, comme le danseur, puis-je maintenir l’alignement intérieur dans l’expérience de ce silence intemporel, tout en agissant et en interagissant ?

Mon monde intérieur

Mon monde intérieur est le lieu d’où proviennent les pensées. Cet état intérieur crée la façon dont j’aborde le monde extérieur. Même s’il se passe beaucoup de choses dans mon monde intérieur, je peux apprendre à voyager à travers tout cela en tant qu’observateur, témoin de toute l’activité, sans me laisser piéger à un endroit en particulier…
Il n’est pas nécessaire d’émettre des commentaires ou des jugements en réaction à ce que je vois. Cela me permet d’aller un peu plus profondément dans mon monde intérieur, au-delà des pensées ordinaires. Et, au-delà de la limite de l’ordinaire, se trouve un espace pour le sacré, l’espace protégé de mon monde intérieur profond. Quand je visite cet espace, je sens naître un sentiment naturel et profond de calme. Mon esprit peut s’arrêter de courir, reprendre son souffle.

La compréhension calme et silencieuse de soi est légère et profonde. Si je peux maintenir cette pensée, ne serait-ce qu’une seconde, cela peut changer la trajectoire de ma journée, car elle s’est imprégnée d’une vibration de simplicité, de silence et de calme. Ensuite, je peux interagir avec le monde qui m’entoure, à partir de cet endroit calme, frais et silencieux à l’intérieur de moi. Et ainsi, je fais différemment ce que j’ai à faire. C’est l’expression extérieure du silence en action.